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collection poèsie
(l'accent grave sur l'e muet)
Franck Cottet Miroir voilé miroir précédé de Silences
Miroir voilé miroir et les silences qui ouvrent ce livre de Franck Cottet respirent de la délicatesse des coeurs écarquillés, comme un enfant fait fixant une ligne de fuite, le plus fort possible, jusqu'à exprimer des larmes. L’amour, thème le plus commun et le plus neuf en poésie, se double ici d’un corps.
S’ouvrant sur Silences, variations intimes sur « le silence qu’on garde / par habitude / parce que parler fait trop de bruit », ce livre réaffirme la voix sobre et impérieuse, construite dans la simplicité, d’un poète attentif à toutes les petites évidences du quotidien, à tous les oublis de l’existence.
L’humanité généreuse de la poésie de Franck Cottet est enracinée dans les mille surprises invisibles que réserve chaque jour nouveau, tout comme la cruauté de petits abandons, des soupirs imperceptibles des vies qui ont pris des chemins de traverse. L’amour, essentiel, unique pour chaque être humain est posé dans les modulations tendres de Miroir voilé miroir. « Jamais je ne t’ai dit les niaiseries de l’amour mon canard mon poussin, noms d’oiseaux non.
/Me suis simplement hissé à hauteur de tes épaules. »
En contre-point d’une vie amoureuse souple et parfois oublieuse de l’autre, lui-elle, présente-présent, cet ensemble de textes développe la perte de l’amour, de l’aimé, de l’aimée, qui vide tout. « Même en fermant les yeux, en faisant du bruit, elle n’arrivera pas à faire disparaître celui qu’elle a pu croire pour elle, celui qui et puis qui est parti, passé par la porte avec désir et valise,pour ne plus revenir, n’a laissé qu’une poignée de cris et un grand courant d’air. »
extraits
Est-ce que l'on peut s'habituer ? Je veux dire
vraiment au silence.
Un silence de l'épaisseur de l'air. Un silence
plein des mots qui ne sont pas ailleurs que
dans la tête ne sont pas est-ce que l'on peut…
toi tu ne sais pas parce que même quand tu es
seul tu parles aux murs à ta chienne aux
oiseaux quand tu leur jettes les miettes de midi
sur le pas de la porte.
extrait de Silences
Tu parles parles tout le temps la pluie le beau temps
tout y passe je t'écoute t'écoute toujours. Tous ces
mots qui remplissent l'air sais bien qu'ils vont vers moi
même si c'est pas tous des mots d'amour-toujours je
sais bien qu'il y en a dedans.
Eclat de rire comme verre brisé contre les murs
partout tu le lances avec la voix offerte au jour qui
passe quand je rentre des fleurs à la main dis que tu es
contente qu'il vient de loin ce rire de très loin de l'enfance
ou d'avant encore tu ne sais plus très bien que
les fleurs ça te touche beaucoup.
extrait de Miroir voilé miroir
Belle dans le miroir belle qui est la plus belle le matin au
réveil le soir elle s'interroge regarde les images traverser la
glace avec les jours hésite se dit que dans vingt ans ce sera
fichu que maintenant encore elle a une chance mais crève
coeur de ne pas savoir où.
Le plus difficile, c'est sans doute quand le soir il se couche
se couche dans un lit froid. On a beau dire mais la chaleur
d'un corps, un corps à qui on dit tu à côté de soi… lui, il
déshabille des fantômes avec ses mains, il ferme les yeux,
il laisse faire le vent du soir.
extrait de Miroir voilé miroir
100 pages intérieures sur papier ivoire, 15 x 20 cm, Prix de vente: 10 €
Dessin de couverture : Sylvie Laroche
Franck Cottet est né en 1966 en Auvergne. Il est installé dans la région de Nantes.
Miroir voilé miroir est sa quatrième contribution au catalogue des éditions clarisse, après Ce qui flotte encore (collection poèsie), Le « déjeuner sur l’herbe », collection parcelles (épuisé), Onze esquisses de regards (in Cadastre, ouvrage collectif). Il co-signe également Tenir debout, avec Eric Ferrari et Eric Sénécal.
Il a également publié plus d’une dizaine de livres chez d’autres éditeurs et de nombreux textes en revues.