Loyan
Les ardoises coupent la verticale du ciel. Un croc de boucher crée l’ombre et casse le rythme à mi-pan de toit. L’hiver occupe une vie entière. Il était inutile d’imaginer l’histoire impossible de la dérive d’un homme dans un vaisseau, quelque part dans l’espace. La vie prend la forme du vaisseau. La vie prend la forme de l’espace, absorbe les ardoises, le ciel, les liens. La vie place la pensée dans le vaisseau du corps et laisse seul à la barre. Il y a bien un voyage à faire, difficile à caractériser par manque d’informations. L’ombre coupe la verticale des ardoises. Le vaisseau existe, percé de fantômes intérieurs, difficile à caractériser car, quel que soit l’angle de vue, une part cachée troue sa surface. La gouttière coupe la verticale de l’ombre alimentée par le ciel. Vu à la vitesse de la lumière, le vaisseau semble arrêté. Un vent joyeux, voilà ce qui jamais ne traversera l’espace pour couper le vaisseau. La finalité du voyage ? La question n’est plus là, mais dans les conditions mentales de l’équipage, réduit à un. L’expérience demanderait un observateur attentionné et des instruments de mesure. L’équipage est livré à sa propre verticale. Il est l’expérience et l’observation, la fin et le moyen, le cobaye et le chercheur. La verticale descend mécaniquement par l’ombre portée de l’horizon à plat. Des fumées coupent la verticale du ciel couleur de chair brûlée. Le vaisseau a cessé. Sans paroles, il est l’espace, l’après-vie.
5 mars 2010
À fixer le ciel le bleu se répand sur tout. Seul dans l’air il se fait blanc. Sa couleur sonde et avance sur les courbes de niveau des fonds aériens. L’oiseau passe deux fois dans l’angle inférieur droit du cadre. À fixer le fond plat revient en tâches sur l’œil la persistance des nuages. Leur marque reste visible, réellement, dans le bleu du ciel au goût encore froid. Mis au sol, il est l’ombre des tableaux, la peau portée des arbres figurés. Du bleu, n’être.
8 mars 2010